PORTRAITS

PORTRAITS
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74

SERIES

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Zanzibar Built Heritage Job Creation
Stone Town a heritage to save
145
SERIES
Backstage
Backstage SERIES
77
SERIES
Les Enfants masqués
Les Enfants masqués SERIES
78
SERIES
La peau de l'homme
La peau de l'homme SERIES
79
SERIES
Les yeux grands ouverts
Les yeux grands ouverts SERIES
80
SERIES
Todos somos especiales
Todos somos especiales SERIES
81
SERIES
Le rire médecin
Le rire médecin SERIES
82
SERIES
Love is in the air
Le MIM Magazine by La Mamounia 4
107
SERIES
Musée Yves Saint Laurent Marrakech
Musée Yves Saint Laurent Marrakech
122
SERIES
Maison ARTC
ARTC
146
SERIES
Vegetal
Vegetal
150

DECO

DECO
DECO
75

MODE

MODE
MODE
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PERSO

PERSO
PERSO
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Dans mon travail photographique, ma priorité est de rendre visible l’invisible, montrer l’indicible, aller à l’essentiel. Je ne peux imaginer cette approche autrement qu’avec patience, respect de l’autre et humanité. Ma relation avec le sujet est tout aussi importante que l’histoire racontée. L’intime est au cœur de ma démarche.

Dans la série « Liens », de sang et de cœur, je montrais le lien sensible qui nous unit. Et cette proximité passait déjà par le toucher. Puis il y eut « Les yeux grands ouverts », sujet sur le quotidien de mères non-voyantes : Comment regarder son enfant lorsqu’on ne le voit pas ? Ces femmes sont découragées d’emblée par leur entourage et le corps médical du fait de leur handicap. Je n’aurais pu arriver à ce degré d’intimité sans ce temps nécessaire de mise en confiance. Comment allais-je capter l’absence de regard ? Les images deviennent alors tactiles, presque organiques. Ce fil conducteur m’a conduite à cette série, « La peau de l’homme » qui transcende le sujet lui-même ; du réel, il parvient à l’universel. Depuis 2 ans, je viens très régulièrement au souk d’Aït Ourir, à 40 km de Marrakech. (vivant entre Le Maroc et la France , ce pays m’est familier). Ici, la foule est grouillante, et essentiellement masculine. Dans la société arabe, où les hommes sont habitués à garder le contrôle, rares sont les lieux où ils peuvent retirer leur armure sociale.

Il y a ce rituel, incontournable : le barbier. S’abandonner entre ses mains est un moment précieux, intemporel, presque « sacré ». Je me suis immergée dans ce monde – défi, en tant que femme occidentale – lentement, témoin de cette réalité du monde rural, précaire et austère. Progressivement, j’ai commencé à percevoir la vulnérabilité de ces hommes. C’est là que mon sujet a pris toute sa dimension. Une profondeur habite ces êtres, soudain mis à nu. La maîtrise n’y est plus. Hassan, le barbier avec qui j’ai tissé un lien privilégié, devient mon complice. Ses gestes sont précis, protecteurs, ses mains sont enveloppantes, presque maternelles. Je ne photographiais plus le barbier en train de travailler, mais une émotion plus profonde, plus intérieure. Au delà de la peau, de l’être...

Et ces hommes deviennent fragiles et calmes. A fleur de peau. Delphine Warin .

 

« Ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est la peau. » (Paul Valéry)