J’ai rencontré Édith Thoueille, puéricultrice et responsable du Service d’Aide à la Parentalité des Personnes Handicapés (SAPPH), Paris 14e, qui depuis vingt ans accomplit un travail exceptionnel auprès de femmes non-voyantes désirant avoir un enfant. Elle s’acharne à combattre les préjugés et encourage ces femmes à faire le pas.
Cette rencontre fut déterminante : j’ai vu et photographié Édith accompagnant et guidant cette jeune mère aveugle et son bébé, et puis il y eut les autres... J’observais avec attention ces femmes se comporter avec tant de justesse et de précision avec leur enfant, et je les admirais.
J’ai alors tenté d’imaginer, de fermer les yeux, naïvement, pour voir ce qu’elles ne voient pas. Sans succès, car en les côtoyant, je me suis rendu compte qu’elles voyaient ce que je ne voyais pas, et inversement.
Et il m’a semblé absurde d’essayer de comparer ou de chercher une différence. Delphine Warin
Est-ce que vous aimeriez que l’on vous rende vos yeux ?
Oui bien sûr, par curiosité, j’aimerais bien.
Mais au fond, ce que je préférerais, c’est qu’on me mette des bras encore plus longs, avec des mains encore plus performantes. Je suis sûr que si je pouvais toucher la lune je percevrais plus de choses que vos yeux à VOUS.
Lettre sur les aveugles à l’usage des voyants.
Diderot, 1749